Regards croisés

Comment habitat 76 s’adapte aux évolutions du contexte politique et aux défis économiques actuels ?

André Gautier :

En tant que bailleur social, l’Office a pleinement assuré son rôle d’amortisseur de crise, et ce sur tous les plans.
« L’année 2024 a été marquée par l’élargissement des Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPPV), intégrant 1 500 logements supplémentaires. Cette évolution accentue les problématiques de mixité sociale. Dans ce contexte, des contrats de ville 2025-2030 et des conventions d’abattement de la TFPB ont été signés avec 13 communes, intensifiant ainsi nos engagements en faveur des locataires. 3 villes ont choisi de ne pas s’engager, ce qui représente une perte nette de 450 K€/an en moyenne. La présence accrue des équipes et la gestion urbaine de proximité ont été au cœur des discussions. »

Eric Gimer :

« Ces enjeux territoriaux s’accompagnent d’une réalité économique, qui pèse de plus en plus sur les ménages comme sur notre équilibre financier. Le taux d’impayés a atteint 8,46 %, en raison de l’augmentation du coût de la vie. Face à cette réalité, l’accompagnement avec les locataires a été renforcé pour prévenir les situations de rupture.

Néanmoins, le taux d’autofinancement net s’élève à 6,76 %, alors qu’il aurait été à 13,10% avant la mise en place de la RLS, permettant de poursuivre les investissements. Le rapport thématique de l’ANCOLS a d’ailleurs salué notre capacité à conduire notre programme de réhabilitations énergétiques conformément aux exigences de la loi climat et résilience. »

Quelle est la place d’habitat 76 dans le tissu économique local et comment soutenez-vous l’insertion professionnelle ?

A.G :

« Habitat 76 reste un acteur majeur sur le plan départemental, 4e donneur d’ordre en Seine-Maritime, et joue un rôle clé dans le soutien aux entreprises locales, en leur attribuant près de 100 M€ chaque année, dont une grande majorité aux PME normandes. Cette dynamique contribue à maintenir l’activité de la filière tout en développant des pratiques toujours plus responsables et durables. »

E.G :

« Habitat 76, engagé depuis plus de 10 ans en faveur de l’insertion professionnelle, peut compter sur les entreprises partenaires qui jouent pleinement le jeu à nos côtés, permettant d’obtenir des résultats bien au-delà de nos attentes. En 2024, les clauses d’insertion ont généré 32 000 heures de travail pour des publics éloignés de l’emploi. Conscients des enjeux, le dispositif «les Geeks du bâtiment» a été expérimenté. Il profite directement aux locataires en recherche d’emploi. »

Habitat 76 s’est vu décerner la mention «accompagnement au vieillissement». Quels engagements prenez-vous en faveur des aînés ?

A.G :

« Le vieillissement de la population représente une responsabilité croissante qu’habitat 76 entend assumer avec ambition. Notre mission ne se limite pas à loger, mais aussi à accompagner nos locataires âgés pour leur permettre de vivre chez eux le plus longtemps possible, en toute sécurité et avec une qualité de vie préservée. Avec cette démarche, nous souhaitons garantir leur autonomie, mais aussi leur inclusion sociale, pour qu’ils puissent continuer à vivre pleinement dans leur logement et leur quartier. Dans cet esprit, l’opération “Ça fait un bail !” permet d’aller à la rencontre de résidents présents depuis plus de 50 ans, pour créer du lien. »

 

E.G :

« Concrètement, nous avons développé la charte du «bien vieillir chez soi» qui repose sur 7 engagements, allant de l’adaptation des logements à l’organisation de moments de convivialité. Au-delà de la question du logement, le défi est bien celui-là : prévenir l’isolement, qui touche particulièrement les personnes âgées. Nos équipes de terrain, présentes au quotidien, jouent un rôle essentiel et sont à même d’apporter une écoute adaptée dès lors qu’une fragilité est identifiée. Par ailleurs, la mise en oeuvre du label «Mon logement santé» est à l’étude, dans le cadre de notre partenariat avec le groupe Arcade VYV. Son principe est de garantir aux occupants un logement et des services qui sont des déterminants de la santé. »

Quels sont les principaux axes de développement pour l’avenir ?

A.G :

« Notre priorité reste évidemment la satisfaction des locataires et l’amélioration continue de la qualité de service. Habitat 76 se distingue par son ancrage local et nous devons continuer à capitaliser sur cet atout pour offrir un cadre de vie toujours plus agréable à nos résidents. L’Office continuera d’accompagner le Département dans le développement d’une offre nouvelle répondant aux besoins locaux (Penly, bourgs centres…), s’inscrivant dans une nouvelle période 2025-2030 du Plan Départemental de l’Habitat. »

E.G :

« Sans renier cette logique de proximité, habitat 76 ambitionne d’explorer les opportunités offertes par l’intelligence artificielle. En facilitant le traitement des demandes, en fluidifiant les échanges, ces outils viendront compléter l’action de nos équipes de terrain, au cœur du lien de proximité qui est essentiel à nos yeux. D’autre part, nous poursuivons notre développement avec une nouvelle offre locative : les Logements Locatifs Intermédiaires (LLI). Ces logements, proposés à des loyers compris entre le privé et le social, répondent aux attentes des classes moyennes qui peinent à se loger aux loyers de marché. Avec un objectif de 250 logements d’ici 2028, l’établissement contribuera activement à répondre aux besoins des territoires tout en assurant la mixité sociale. »